À l’heure où vous lirez ces lignes les Américains auront désigné leur nouveau Président ou Présidente pour les quatre années à venir (on espère que pour une fois le féminin l’emportera sur le masculin) Barack Obama quittera officiellement la Maison Blanche à Washington le 20 janvier 2017 pour laisser la place au 45ème Président des Etats-Unis. L’élection d’Obama en 2008 restera comme un événement majeur dans l’histoire du pays, premier Président noir à la tête de la première puissance économique du monde. Nous avons tous repensé à l’époque au grand mouvement pour les droits civiques des noirs américains dans les années 60, Rosa Parks qui refusa le 1er décembre 1955 de céder sa place à un passager blanc dans un bus de la ville de Montgomery en Alabama.

À l’époque les discriminations raciales étaient officielles et légalisées dans les Etats du sud, Rosa Parks se vit infliger une amende de 15 dollars mais elle fit appel de ce jugement. Un certain pasteur noir, Martin Luther King lança une campagne de protestation et de boycott contre la compagnie de bus qui durera 380 jours. Le 13 novembre 1956 la Cour Suprême des États-Unis cassa les lois ségrégationnistes dans les bus. Il y eut quelques années plus tard le célèbre discours du 28 Août 1963 de ML King devant le Mémorial Lincoln à Washington prononcé devant 250 000 personnes : « I have a dream »... je fais un rêve.

Alors ce rêve a-t-il eu un début de commencement ? Certes depuis 1964 la ségrégation et la discrimination raciales ont été abolies, il y a eu depuis 2008 la mise en œuvre, contrariée et combattue par les Républicains, de l’accès à la santé pour tous (Obamacare) mais le fond des inégalités n’a pas du tout disparu, celles-ci restent très fortes dans beaucoup de domaines, niveau de pauvreté, espérance de vie, revenu moyen, niveau de qualification, etc. Globalement les Afro-américains sont beaucoup plus touchés par les effets de la crise financière et économique de 2008.

La primaire des Démocrates l’a illustré à sa façon avec la belle percée inattendue de Bernie Sanders, il mena campagne sur ces thèmes en avançant des propositions « révolutionnaires », à l’échelle du débat politique des États-Unis, il a montré que rien ne changerait si on ne s’attaquait pas au système de la finance aux USA comme ailleurs, une finance qui domine tout et opprime le monde entier. Si Hillary Clinton a eu autant de mal à s’imposer c’est sans doute parce qu’elle n’incarne pas ce combat antilibéral aux yeux des jeunes et des minorités notamment.

Le Président Obama n’a pas changé fondamentalement la donne dans la société américaine, même si encore une fois il restera un beau symbole, à l’évidence tout reste à faire pour transformer la société.

Les principaux responsables de l’administration Obama préparent leur reconversion professionnelle et sont recrutés par les géants du numérique, les GAFA de la Silicon Valley. Apple, Google, Facebook et consorts se réjouissent de ces arrivées de talents et de carnets d’adresses fournis si utiles pour leur business. Ces responsables se disent que c’est là qu’il vaut mieux aller désormais pour « changer le monde », le vrai pouvoir s’étant déplacé de Washington à Mountain View, le siège de Google.

Pourtant changer le monde c’était leur job à la Maison Blanche depuis 8 ans, non ?
Le Politique -P majuscule- capitule une fois encore face au business... et pas qu’en Amérique !