Dans le département

Conférence de presse suite aux déclarations de Fadela AMARA sur les banlieues

Par / 15 novembre 2007

Alors que l’actualité politique et sociale est dominée par des mouvements sociaux contre le projet de réforme des régimes spéciaux de retraite, contre la loi sur l’autonomie des universités, contre la carte judiciaire ; alors que de nombreuses voix s’élèvent contre les conditions de logement indigne dans lesquelles vivent des milliers de familles et pas forcément parmi les plus modestes, et que d’autres sont en attente d’un logement souvent depuis des années ; alors que le mécontentement grandit sur les questions du pouvoir d’achat... ici, en Seine-Saint-Denis, nous assistons à des visites incessantes de Ministres et de Secrétaire d’Etat.
En soi, pourquoi pas. Ministres et Secrétaires d’Etat, outre leurs responsabilités, sont libres de circuler au même titre que n’importe quel individu.

Sauf que -vous l’admettrez- quand un responsable politique se déplace à grands renforts de force de police, de personnel des différentes administrations et souvent le Préfet lui-même, on s’imagine qu’il ou elle va nous annoncer un engagement public fort, accompagné de moyens financiers pour améliorer la vie de celles et ceux qui vivent dans le département... Et bien non !

Chacune et chacun de ces ministres est venu(e) pour constater ce que les Elus municipaux, les Maires, les Conseillers généraux, les Conseillers régionaux, les Parlementaires et surtout la population connaissent mieux que quiconque. Mais eux ne se contentent pas de constater, ils cherchent souvent ensemble les meilleures réponses aux questions parfois cruciales posés aux citoyens dans leur ensemble.

Au milieu de ce que certains appellent « les émeutes de 2005 », le Premier ministre d’alors, M. de Villepin, avait convié l’ensemble des Parlementaires et le Président du Conseil général, à une réunion pour essayer de trouver une issue à ce grand cri de colère poussé par des milliers de gens et de jeunes de ce département.

Avec Marie-George Buffet et Hervé Bramy, nous lui avions demandé, et le Préfet d’alors y était favorable, l’organisation d’une table ronde associant l’ensemble des organisations, des associations départementales, les élus, les responsables des pouvoirs publics pour une mise à plat des grands dossiers départementaux, et ils ne sont pas des moindres.

Prenons le logement : 57 000 familles dons dans l’attente d’un toit sans compter celles et ceux qui vivent en surpopulation ou dans des conditions de grandes insalubrités.
Que nous disent les services de la Préfectures : que l’Etat investit, que l’Etat construit, que les opérations ANRU se multiplient, que la solidarité s’exprime... Sauf que lors chaque 1er mardi de chaque mois depuis plus d’un an, nous constatons que la situation du logement social dans notre département se dégrade pour atteindre l’insupportable.

Le logement n’est pas un droit pour tous en Seine-Saint-Denis. La règle du 1 pour 1 de l’ANRU n’y est pas respectée et le manque de construction de logements sociaux doit dans l’urgence faire l’objet d’un effort considérable, notamment dans les villes qui ne respectent pas la loi SRU. Quelles sont donc à ce titre les réponses concrètes du gouvernement ?

Prenons les transports : Alors que ceux-ci devraient constituer un lien accessible et pratique entre l’habitat et le travail, les loisirs et la culture, entre les destinations locales, départementales, régionales, nationales et européennes, des quartiers de notre département sont enclavés comme à Montfermeil et à Clichy. Cela fait des années que les élus, les populations se mobilisent pour gagner ce désenclavement avec, entre autres, l’exigence de transports collectifs.

Or, s’agissant du T4 -mais nous pourrions prendre d’autres exemples-, le projet de Tram-Train n’en est encore qu’à l’étape de projet puisque seuls les crédits d’étude sont inscrits dans le projet de plan Etat-Région pour 2013.
Il y a de quoi avoir de grande inquiétude sur l’aboutissement de ce projet, d’autant plus, si on fait le lien avec les propos du Président de la République sur le SDRIF.
Alors, on comprend qu’en la matière, on ne peut se satisfaire encore d’effets d’annonce, de phrases compassionnelles qui ne s’accompagnent d’aucun engagement.

Je pourrais évoquer ici de la même façon tout ce qui touche au développement et à la modernisation des services publics qui devraient permettre à toutes et à tous un égal accès aux services indispensables à l’organisation de rapports sociaux.
Je pourrais aussi évoquer la sécurité publique qui est pourtant une des bases fondamentales des libertés et de la démocratie.

Je pourrais aussi évoquer la santé, le droit de se soigner à l’heure où le gouvernement impose les franchises médicales.
Je pourrais aussi évoquer les droits et les libertés à l’entreprise qui ne sont pas toujours respectés ou encore les menaces qui pèsent sur des centaines de familles de notre département menacées d’expulsion du territoire pour répondre aux objectifs chiffrés chers à M. Hortefeux, ministre de l’Immigration.

C’est de tout ceci que les élus, les forces vives, les habitants, les jeunes et les moins jeunes de ce département aimeraient débattre avec les Ministres et Secrétaires d’Etat. Ils ont largement dépassés le seuil des constats ; ils travaillent ensemble pour trouver les meilleures réponses pour que le vivre ensemble ait tout son sens et s’exprime vraiment.

Cela dit il manque une jambe à cet effort démocratique, c’est celle d’un engagement fort de l’Etat.
Cela passe par une question majeure : celle des moyens financiers dont Hervé Bramy pourrait mieux parler que moi.
Mais faut-il rappeler ici que l’Etat doit 340 million d’euros depuis 2004 à la Seine-Saint-Denis au titre des transferts de charges non compensés.

Faut-il rappeler que les engagements du gouvernement sont à la baisse dans le nouveau contrat de projet Etat-Région, que la Dotation de solidarité urbaine a baissé de 30 millions d’euros, que 11 000 postes de travail sont supprimés dans les établissements scolaires... et que ce gouvernement a fait voté 15 milliards d’exonérations fiscales aux plus riches alors qu’il doit 1 milliard d’euro aux départements au titre du RMI.

Alors, voyez-vous la question n’est plus de pousser seulement un cri de colère mais d’exiger du gouvernement un peu de sérieux et de respect s’agissant notamment de la banlieue, des banlieues.

Nous sommes ici des gens sérieux, responsables et devant l’urgence sociale qui ne s’est pas éteinte, nous demandons encore aujourd’hui avec force la tenue d’une table ronde dans notre département.

La concertation n’est pas un hochet qu’on agite au gré de l’actualité, pour se contenter -in fine- d’un constat.
La concertation, c’est la tenue rapide de cette table ronde et des propositions concrètes formulées par le gouvernement pour répondre aux besoins de tous les habitants de ce département.

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