Les communiqués de presse
L’épargne populaire n’a pas à financer l’économie de guerre
Par Le groupe CRCE-K / 6 mars 2024Le Sénat a voté le 5 mars une proposition de loi visant à faire financer l’industrie de défense par les fonds non-centralisés du livret A et du livret de développement durable et solidaire (LDDS), au mépris d’une conception historique du rôle de l’épargne dans le financement de l’intérêt général.
Après une loi de programmation militaire qui prévoit une trajectoire financière sans précédent pour le budget des armées de 413 milliards d’euros d’ici à 2030, dont 286 milliards d’euros dédiés aux équipements, la droite décide de détourner l’épargne populaire pour financer l’industrie de guerre. C’est une marche supplémentaire dans l’escalade verbale qui rompt avec la position traditionnelle de la France, attachée à la diplomatie en premier recours.
L’épargne populaire servait, avant 2009, uniquement aux missions d’intérêt général et singulièrement au financement du logement social et de la politique de la ville. Dans un mouvement de banalisation, l’épargne populaire a été confiée pour 40% des montants déposés sur les livrets règlementés (livret A, LDDS) aux banques privées avec pour seule consigne de financer les PME, dont 15% pour des projets de transition écologique ou d’économie circulaire. Plutôt que d’accroître la part des investissements dans des entreprises décarbonées, les 622 milliards d’euros d’encours de prêts pourront être dirigés pour partie vers les industries de la défense.
Pourtant, il n’y a nul besoin spécifique de l’industrie de défense de l’aveu même de la Banque de France, de la Direction générale du Trésor et… des banques elles-mêmes !
C’est un projet politique du refus de l’impôt, notamment des plus riches, seul vecteur légitime et démocratique pour financer la défense de notre territoire. L’effort de guerre, prôné par les auteurs de la proposition, se détourne de la solidarité nationale en spoliant les petits porteurs qui ignorent où disparaît leur épargne, faute de transparence du réseau bancaire.
Dans ce débat nous avons proposé avec force :
– Un pôle public de l’armement, pour les entreprises très majoritairement engagées dans le secteur, en s’appuyant sur le rôle de la Caisse des dépôts et de Bpifrance ;
– La protection de l’épargne populaire en la confiant exclusivement (99%) à la Caisse des dépôts ;
– La mise en place de prêts garantis par l’État ;
– La limitation de l’exportation des industries de défense.
C’est un appel à l’épargne pour embrigader l’opinion et l’impliquer dans une guerre qui deviendrait inéluctable, en harmonie avec les propos d’E. Macron. Nous restons mobilisés pour faire échouer cette proposition de loi et toutes celles qui s’attaqueront à l’épargne populaire.