Les courriers officiels

L’Etat doit s’opposer à ces délocalisations et ces pertes d’emplois

ENGIE -

Par / 19 septembre 2017

Monsieur Nicolas HULOT
Ministre de la transition écologique et solidaire
246, boulevard Saint Germain
75007 PARIS

Monsieur le Ministre,

Sollicitée par les syndicats du secteur de l’énergie, je me permets de vous alerter sur les conséquences déplorables pour l’emploi de la politique sociale menée par ENGIE.

Cette société, longtemps entreprise publique au service de l’intérêt général a été privatisée depuis 2006 suite la fusion avec Suez. Déjà à l’époque, nous nous étions opposés à cette décision qui privait l’Etat d’un levier important au profit de la transition énergétique et écologique, au profit du droit de tous à disposer de l’énergie nécessaire à la vie.

Depuis, la politique d’entreprise s’est éloignée des objectifs d’intérêt général et vise principalement la rentabilité à moindre coût. Dans ce but, la direction a fait le choix progressif de délocaliser le service clientèle à hauteur de 30 % dans des pays étrangers, ce qui a pour conséquence directe, une hémorragie de l’emploi et la fermeture de sites sur le territoire national.

Au moment où la lutte contre le chômage et la précarité devrait devenir une priorité absolue, nous ne pouvons cautionner ce plan social qui n’a d’autre justification que celle de dégager des marges plus confortables pour les actionnaires, cédant à l’appel du dumping social, dénoncé par ailleurs par le président de la République au niveau européen.

Nous estimons que l’Etat reste, malgré les récentes cessions, un actionnaire déterminant, à hauteur de 24.1% du capital et détenteur de près d’un tiers des droits de vote. Il dispose donc d’une responsabilité particulière et de l’obligation de promouvoir l’exemplarité sociale. Il doit donc clairement s’opposer à ces délocalisations et ces pertes d’emplois.

Par ailleurs, comment ne pas voir que la transition écologique que vous appelez de vos vœux ne pourra trouver de prolongement dans une politique industrielle prédatrice, dans la guerre du tous contre tous. Exigence économique et progrès social doivent aller de pair, au service de la préservation de l’environnement. Vous avez d’ailleurs dénoncé dans votre ouvrage « Osons » cet ordre cannibale, qui tout à la fois, asservit les peuples et détruit l’environnement.

Les récentes décisions de mise en vente d’action, évoquée ci-dessus, vont à l’encontre de cette volonté d’une maîtrise publique renforcée nécessaire face à cet ordre cannibale, laissant encore plus de poids aux intérêts privés dans une société pourtant incontournable pour réussir la nécessaire transition énergétique.

C’est pourquoi, je vous sollicite, en tant qu’administrateur de cette entreprise au nom de l’Etat et du gouvernement, afin que vous puissiez prendre toutes les initiatives afin de revenir sur cette politique sociale qui ne correspond pas aux objectifs affichés de votre ministère et du gouvernement en faveur de l’emploi et de la transition énergétique.

Dans l’attente d’une issue que j’espère favorable, je vous prie d’agréer, l’expression de mes salutations respectueuses.

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