Les courriers officiels

Nous demandons à la diplomatie française d’intervenir pour une libération immédiate de Khalida Jarra

Prisonniers politiques palestiniens -

Par / 8 avril 2015

Monsieur Laurent Fabius
Ministre des Affaires Etrangères et du
Développement international
37 quai d’Orsay
75351 Paris Cedex 07

Monsieur le Ministre,

Jeudi 2 avril, la députée palestinienne Khalida Jarrar a été arrêtée, à son domicile à Ramallah, par soixante soldats israéliens. Il s’agit d’une nouvelle et scandaleuse intervention d’une force d’occupation sur un territoire placé exclusivement sous le contrôle de l’autorité palestinienne.

Interdite de voyager en dehors de la Palestine occupée depuis presque 20 ans, la députée et dirigeante du Front Populaire pour la Libération de la Palestine, avocate palestinienne spécialisée dans la défense des prisonniers palestiniens au sein du réseau Addameer, avait déjà été l’objet en août dernier d’une descente de soldats israéliens qui lui avaient présenté un « ordre de supervision spéciale », signé par un tribunal militaire israélien, tribunal d’exception, sur la base de « preuves » non précisées et secrètes.

Ce dernier ordonnait que la députée soit expulsée de Ramallah, transférée de force et assignée à l’intérieur des limites de la municipalité de Jéricho pour une période initiale de six mois, en violation du droit international et de la Quatrième convention de Genève, qui interdit l’ « assignation à résidence » à moins que cela ne soit « absolument nécessaire », interdit également le transfert forcé collectif ou individuel de personnes protégées d’une zone d’un territoire occupé à une autre.

Ce cas, vous le savez, n’est pas isolé : Il y a actuellement six mille détenus politiques palestiniens dans les prisons israéliennes, dont presque 500 détenus administratifs.
Les défenseurs de droits de l’homme condamnent depuis de nombreuses années la pratique israélienne de la détention prolongée, sans accusation ni procès.

Dans un rapport publié en 2012, Amnesty International a demandé à Israël de cesser ses pratiques de détention administrative - un vestige de la domination coloniale britannique en Palestine - et recommandé « la libération immédiate et sans conditions des prisonniers de conscience, emprisonnés « pour avoir simplement exercé paisiblement leurs droits à s’exprimer et se réunir librement. »

Amnesty International précise que les détenus administratifs, comme beaucoup d’autres prisonniers palestiniens, « ont été soumis à des abus tels que l’utilisation de la torture et autre mauvais traitement pendant les interrogatoires, aussi bien que le recours à des traitements cruels et dégradants pendant leur détention, parfois en punition pour des grèves de la faim ou d’autres formes de protestation. »

Et les ordres de détention administrative sont indéfiniment renouvelables.

L’arrestation de Khalida Jarrar, comme celle de ses autres collègues déjà emprisonnés, s’inscrit dans cette politique de non droit visant les personnalités politiques palestiniennes afin de criminaliser leurs activités, les faire taire et les empêcher ainsi de défendre la cause palestinienne. 

Cette situation intolérable est contraire aux droits de l’homme les plus élémentaires.

Nous demandons donc à la diplomatie Française d’intervenir pour une libération immédiate de Khalida Jarra.

Au-delà de ce cas emblématique, alors qu’a débuté, le 5 avril, la semaine internationale des prisonniers politiques, la France s’honorerait à demander au gouvernement israélien la libération des 16 membres du Conseil Législatif Palestinien détenus dans les prisons israéliennes, dont 9 sous détention administrative.

Nous vous prions de croire, Monsieur le ministre, à l’assurance de notre haute considération.

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