Les questions d’actualité

Avec le vote de la loi, le contrôle de l’action du gouvernement est constitutionnellement l’autre grande prérogative du Sénat. Celle-ci s’exerce notamment au travers des questions d’actualités (deux jeudis par mois), des questions orales, avec ou sans débat, et des questions écrites.

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Des riches toujours plus riches et des pauvres toujours plus pauvres

Faux débats et vrais problèmes -

Par / 26 mai 2021
Des riches toujours plus riches et des pauvres toujours plus pauvres
Groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste
Des riches toujours plus riches et des pauvres toujours plus pauvres

Monsieur le président, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, ce quinquennat, qui devait révolutionner la politique, s’abîme, semaine après semaine, dans des débats hystérisés pour faire oublier le fondement des injustices : des riches toujours plus riches et des pauvres toujours plus pauvres.

En dix ans, le patrimoine des milliardaires a augmenté de 439 % dans notre pays. À ce rythme, le SMIC serait à 4 805 euros par mois ! Le nombre de pauvres explose, ils sont plus de 10 millions en France. La précarité fait des ravages, en particulier dans la jeunesse. L’hôpital attend toujours un vaste plan et le pays de Pasteur, son vaccin. Vous répondez depuis des mois par une pirouette démagogique qui masque mal des objectifs violemment antisociaux.

Depuis des décennies, le thème de la sécurité et la menace de l’immigration sont agités en permanence pour écarter la population du vrai débat : qui décide de son destin collectif ? Avec quels moyens ?

Monsieur le Premier ministre, après la loi sur le séparatisme et la loi pour une sécurité globale, qui confond le respect du droit à vivre en sécurité et la remise en cause systématique des libertés publiques, nous découvrons chaque jour de nouveaux projets de loi, en réaction à tel ou tel drame.

Ce dont vous ne parlez pas, c’est la mise en cause des chômeurs, c’est la menace persistante de la réforme des retraites, c’est la casse continue du droit du travail.

Monsieur le Premier ministre, la France est inquiète, non pas de l’autre, du voisin, de ceux qui viennent mourir sur les plages d’Europe, mais de l’avenir incertain de ses enfants et de cette profonde insécurité sociale, car le libéralisme détruit la solidarité et l’égalité.

La crise a montré une chose : notre pays et l’Europe sont riches et peuvent disposer de moyens considérables pour agir.

Les centaines de milliards d’euros dont vous disposez pour faire face à cette crise, fruit de l’activité humaine, serviront-ils au statu quo ou, pis, à achever notre modèle social ? Ou bien serviront-ils à rebâtir une société plus juste et plus respectueuse de l’environnement ? (Applaudissements sur les travées du groupe CRCE et sur des travées du groupe SER.)

M. le président. La parole est à M. le Premier ministre.

M. Jean Castex, Premier ministre. Madame la présidente Assassi, s’agissait-il vraiment d’une question ou bien d’un extrait de déclaration de politique générale et globale ? (Mme Éliane Assassi s’exclame.)

Vous nous avez fait part de votre inquiétude. Bien sûr, la France est inquiète. Elle traverse, comme d’autres pays, une crise sanitaire d’une ampleur inédite, extrêmement forte, et dont nombre de nos concitoyens subissent les conséquences économiques et sociales.

Voilà la réalité.

Autre réalité : le gouvernement de la République agit tous azimuts pour faire face à cette crise. Je rappelle, comme je l’ai souvent fait dans cette enceinte, la grande humilité qui devrait être collectivement la nôtre. Sans vouloir en quoi que ce soit diminuer les difficultés actuelles de nos compatriotes, je veux vous rappeler, mesdames, messieurs les sénateurs, en réponse à votre question, madame la présidente Assassi, que notre situation sanitaire s’améliore globalement. En effet, les motifs d’inquiétude de nos concitoyens sont d’abord de cet ordre. Je n’évoquerai pas tout ce que nous avons entendu, par des oiseaux de mauvais augure, sur notre stratégie. (Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.) Ne vous sentez pas visés ! Je parle en général, mesdames, messieurs les sénateurs. (Exclamations amusées.) Bien entendu, dans cet hémicycle, nous n’avons jamais fait l’objet d’aucun procès ! Jamais…

Nous sommes tombés à 11 000 cas par jour. Si les services de réanimation sont encore trop chargés, seulement 3 500 patients étaient hospitalisés hier. Presque 24 millions de Français – j’espère que nous atteindrons ce chiffre ce soir – ont bénéficié d’une première injection. Les variants ont été stabilisés ces dernières semaines. Bref, grâce à nos efforts collectifs, dont nous nous réjouissons tous, la situation sanitaire s’améliore.

La situation économique et sociale, qui fait l’objet de votre question, découle en grande part, vous le savez bien, de la crise sanitaire. En effet, avant cette crise, la France ne se portait pas mal du point de vue économique et social dans le concert des nations ; les chiffres sont clairs sur ce point. (Protestations sur les travées des groupes CRCE et SER.)

Vous avez dit que l’Europe avait de l’argent. La France a agi pour accompagner son économie. Toutes les sénatrices et tous sénateurs qui vont au contact des acteurs du pays touchés par cette crise vous le diront : les commerçants, les acteurs de la culture et tous les autres reconnaissent que l’État français ne les a pas laissés tomber, malgré, sûrement, des imperfections. Il a assuré leur survie.

En 2020 – je ne dispose pas des chiffres de 2021 –, le pouvoir d’achat a augmenté de 0,6 % en France, malgré l’effondrement de l’économie. Notre pays a été le mieux préservé. (Exclamations sur les travées du groupe CRCE.) La France est désormais le grand pays de la zone euro qui a perdu le moins d’activité depuis le début de la crise, d’après les chiffres d’Eurostat et de la Banque de France. Nous avons collectivement résisté.

On peut dire que ce n’est pas assez et qu’il y a lieu de continuer à être mobilisés, en débranchant très progressivement nos dispositifs d’accompagnement et en relançant vigoureusement notre économie. C’est ce que nous faisons ! Nous avons une attention pour les plus précaires et pour les plus pauvres. (Murmures de protestations sur les travées des groupes CRCE et SER.) En la matière, les comparaisons sont également en faveur de notre pays, nettement. Nous devons en être collectivement fiers, vous le savez. (Protestations sur les travées du groupe Les Républicains concernant la durée de la réponse de M. le Premier ministre.)

Vous avez raison, ma réponse est un peu longue, mais le sujet est très important – et c’est également par respect pour la présidente Assassi.

Les indicateurs dont nous disposons concernant le moral des Français et leurs intentions d’investir et de rebondir sont favorables, ce dont nous devons nous réjouir. Il faut que nous sachions gérer collectivement la transition entre la crise et ses morsures, qui sont toujours là, et le redémarrage de notre pays et de notre économie. Tout le Gouvernement est mobilisé à cette tâche.

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