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Que la France sorte de ses ambiguïtés et condamne fermement ces attaques contre la démocratie

Répression en Turquie -

8 novembre 2016
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Que la France sorte de ses ambiguïtés et condamne fermement ces attaques contre la démocratie

La nuit du 3 au 4 novembre a été marquée en Turquie par l’arrestation de treize parlementaires du parti démocratique des peuples, HDP, et l’emprisonnement de neuf d’entre eux, dont le prédisent du groupe Idris Baluken et les deux coprésidents du parti Selahattin Demirtaş et Figen Yüksekdağ. En parallèle était menée la perquisition, diffusée en direct, du siège du HDP.

Cette opération, baptisée « anti-terroriste » par le pouvoir d’Erdoğan, est en réalité une nouvelle attaque grave contre la démocratie.

M. Jean-Baptiste Lemoyne. Tout à fait !

M. Pierre Laurent. Après la levée, sans réel fondement, de l’immunité parlementaire des députés HDP, après la purge ayant conduit à la fermeture de 160 médias, la suspension de 110 000 fonctionnaires et la détention de 80 000 Turcs, cela marque une nouvelle étape dans le climat de terreur instauré par Erdoğan et le glissement de la Turquie vers un État autoritaire.

Ma question est simple : quelle réponse la France compte-t-elle apporter à cette attaque en règle contre le HDP, la paix, les droits et libertés, le suffrage universel et la diversité culturelle en Turquie ? (Applaudissements sur les travées du groupe CRC ainsi que sur plusieurs travées du groupe socialiste et républicain et du groupe Les Républicains. – MM. Loïc Hervé et Yves Pozzo di Borgo applaudissent également.)

Un sénateur du groupe Les Républicain. Atatürk reviens !

M. le président. La parole est à M. le secrétaire d’État chargé des affaires européennes.

M. Harlem Désir, secrétaire d’État auprès du ministre des affaires étrangères et du développement international, chargé des affaires européennes. Depuis plusieurs semaines, et en particulier au cours des derniers jours, la situation en Turquie évolue de façon préoccupante. Des journalistes, douze députés du HDP, des maires de grande ville, dont ceux de Diyarbakir, sont arrêtés, victimes d’une répression injustifiée.

Nous avons condamné la tentative de coup d’État du 15 juillet et la Turquie a le droit de se défendre contre ses auteurs.

De même, la Turquie est la cible du terrorisme, qu’il vienne de Daech ou du PKK, et, comme nous, il est normal qu’elle lutte contre les groupes terroristes, mais dans le respect de l’État de droit et en adoptant des mesures proportionnées.

Ce n’est manifestement pas le cas des mesures prises depuis quelque temps, en particulier la semaine dernière, lorsque la répression s’abat sur des journalistes ou des députés turcs kurdes du HDP, qui ne sont mêlés ni au coup d’État ni aux attentats terroristes.

C’est pourquoi, avec nos partenaires de l’Union européenne, nous avons clairement dénoncé cette situation et je recevrai demain, au Quai d’Orsay, le journaliste turc Can Dündar, ancien rédacteur en chef du quotidien turc Cumhuriyet et défenseur de la liberté d’expression.

Avec nos partenaires européens, nous voulons maintenir le dialogue avec les autorités turques. Ce dialogue exigeant et franc est nécessaire, car la Turquie est un partenaire stratégique pour l’Europe dans la lutte contre le terrorisme, pour faire face à la crise des réfugiés et pour apporter des solutions aux crises régionales, en particulier à la guerre en Syrie. Toutefois, ce dialogue doit s’inscrire dans notre appartenance commune au Conseil de l’Europe, qui implique le respect de certaines valeurs.

Nous devons donc dire à la Turquie que c’est en respectant l’État de droit et les principes auxquels elle a souhaité adhérer qu’elle parviendra à faire face aux menaces qui pèsent sur elle et qu’elle jouera pleinement son rôle stratégique sur la scène internationale, et non en tournant le dos aux principes auxquels elle a elle-même adhéré. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain. – M. Alain Bertrand et Mme Hermeline Malherbe applaudissent également.)

M. le président. La parole est à M. Pierre Laurent, pour la réplique.

M. Pierre Laurent. Je vous remercie pour votre réponse, monsieur le secrétaire d’État. Toutefois, permettez-moi de rester perplexe quant à certaines ambiguïtés exprimées par la diplomatie française.

À la main tendue des Kurdes pour la paix, le président Erdoğan a répondu, depuis des mois, par la guerre civile, le chaos, la violence.

La Turquie, pays membre de l’OTAN, a envahi le Rojava en Syrie, en violation du droit international et en bombardant les forces démocratiques syriennes et kurdes.

La France et l’Union européenne font trop souvent preuve d’un silence complice sur ces agissements. Le communiqué du ministère du 4 novembre dernier relaie, timidement, votre inquiétude concernant l’arrestation de parlementaires du HDP, mais le même jour, un autre communiqué exprime la solidarité de la France avec la Turquie dans la lutte contre le terrorisme. Or c’est justement au nom de la lutte contre le terrorisme que des médias turcs ferment et que des parlementaires d’opposition sont traînés en prison ! (MM. Michel Bouvard et Jean-Baptiste Lemoyne opinent.)

Nous demandons que la France sorte de ces ambiguïtés et condamne fermement ces attaques.

M. Michel Bouvard. Très bien !

M. Pierre Laurent. L’Allemagne vient d’annoncer qu’elle allait ouvrir ses portes aux réfugiés politiques prokurdes. Pour notre part, nous restons mobilisés dans la campagne lancée par l’association France-Kurdistan : « Stop Erdoğan ! »

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