Tribunes libres

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A Marseille comme ailleurs, les citoyens simples observateurs ?

Réforme territoriale -

Par / 3 mars 2014

Le 6 septembre 2012, un comité interministériel extraordinaire se réunit pour parler de la situation à Marseille après une série de règlements de comptes sanglants. Le gouvernement s’engage alors à « aider au développement de l’agglomération marseillaise » tout en « réglant deux préalables : la lutte contre la délinquance violente et la criminalité » et la « question institutionnelle ».

C’est le projet de création de la métropole marseillaise, élaboré en son temps par le gouvernement Fillon et qui a précipité la défaite de la droite en 2012. Pourquoi 109 des 119 maires de notre département, la plupart des parlementaires et de nombreux présidents d’EPCI, conseillers généraux et régionaux se sont-ils retrouvés ensemble pour contester cette approche territoriale et institutionnelle ? Imposée par l’État, sans concertation, avec comme objectif plus ou moins affirmé la diminution de la dépense publique, cette réforme a surtout pour conséquence d’éloigner la prise de décision du citoyen, de le transformer en observateur passif de décisions prises en son nom qui toutes répondraient aux visées patronales de compétitivité, d’attractivité, de concurrence, dans lesquelles les hommes et les femmes sont ravalés au rang de simples exécutants au service d’une puissance financière toute puissante.

Le constat simpliste qui accompagne cette volonté de transformation de nos institutions et de nos territoires s’appuie sur des chiffres qui sans être toujours erronés ne reflètent que partiellement la réalité marseillaise. À vouloir à toute force comparer Marseille à Barcelone, on en oublie l’essentiel. Marseille, ville pauvre, au milieu de riches communes satellites. Marseille concentre en même temps des quartiers répertoriés comme parmi les plus pauvres du pays, et une richesse insolente qui se traduit par une place sur le podium des villes qui comptent le plus de ménages imposables au titre de l’ISF.

Alors que Barcelone a su profiter de l’organisation des Jeux olympiques de 1992, pour détruire son habitat insalubre – sans que l’on se préoccupe par ailleurs de ce que sont devenues les populations qui y vivaient – et se positionner comme capitale incontestable de l’industrielle province de Catalogne, Marseille pour sa part a toujours été le parent pauvre des grands projets initiés par l’État. Le PAM, devenu GPMM, avec comme ambition affichée de reprendre des parts de marché aux grands ports européens, n’a jamais bénéficié, de la part de son principal actionnaire qu’est l’État, des financements indispensables pour développer son aménagement et son hinterland. Quant au patronat portuaire, il agit davantage comme un prédateur de subventions publiques que comme un développeur d’activités et de richesses.

La métropole pourrait-elle résoudre les problèmes de déplacements à Marseille et entre les principales villes du département ? La réalité, c’est que le réseau SNCF est inadapté et obsolète, que le métro n’irrigue que le centre-ville, doublé par un tramway dont la finalité a été d’abord une requalification urbaine au détriment des familles populaires, relogées toujours plus loin du cœur de ville. Et si la région a effectivement fait de gros efforts sur le matériel ferroviaire, notamment par le renouvellement des rames TER, le nombre de trains annulés ou retardés n’a jamais baissé à cause d’une politique de l’emploi extrêmement tendue qui « oublie » la maintenance et ne permet plus de pallier les imprévus. La carte hospitalière, la carte scolaire et universitaire elles aussi impactées par l’obsession de la taille critique (comprendre à l’échelle européenne, voire mondiale !) sont déjà vampirisées par la hantise concurrentielle qui aboutit à des gâchis énormes, humains et financiers, à éloigner toujours davantage les citoyennes et citoyens de ces services publics indispensables.

La prétention métropolitaine serait d’imposer définitivement ce modèle de développement. Quant à l’aménagement de nos territoires, sera-t-il respectueux des femmes et des hommes qui y vivent, des équilibres à préserver entre terres agricoles et zones d’activité et d’industrie, entre habitat et espaces naturels protégés ? Il suffit de regarder la carte de notre département pour comprendre que ce sont bien des orientations politiques qui président aux décisions.

Malgré les imperfections des institutions de notre république, les citoyens, par leur vote dans leur commune restent des acteurs majeurs de cet aménagement, ce qu’ils ne seraient plus avec ce « monstre administratif et technocratique », dont la composition même conduit à nier l’essence politique de l’action publique. Rien de bon n’est à attendre de cette réforme qui va déstabiliser notre édifice républicain et fragiliser nos communes, nos départements et nos régions, qui montrent tous les jours leur grande utilité, pour assurer la cohésion sociale et la solidarité envers les populations qui souffrent de la crise.

La bataille n’est pas terminée, on peut encore empêcher que l’installation de la métropole Provence Marseille signe l’arrêt de mort de la démocratie citoyenne dans le département des Bouches-du-Rhône.

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