Une reculade annoncée

Le Président de la République vient de « clore » le débat sur l’intégration dans la Constitution de l’état d’urgence et de la déchéance de nationalité.

Après des mois de péripéties politiciennes bien éloignées des préoccupations quotidiennes des Français, à commencer par le chômage, la précarité et le pouvoir d’achat, François Hollande a dû renoncer à réunir une majorité pour voter cette révision constitutionnelle.

Abandonné par une part importante des parlementaires de gauche, c’est la droite qui aujourd’hui lâche le Président de la République après lui avoir sauvé la mise hier à l’Assemblée nationale.

Ce projet de loi constitutionnelle était inutile et dangereux.

Inutile, car il ne renforçait en rien l’efficacité contre le terrorisme de DAECH et ses alliés. L’état d’urgence existe et a été validé depuis longtemps par le Conseil Constitutionnel. Sa sacralisation n’avait qu’une valeur de symbole dont les barbares n’ont cure.

La déchéance de nationalité était tout aussi inefficace. Qui a pu avouer un instant que cette déchéance pouvait effrayer un kamikaze ou autre djihadiste ?

Ces dispositions étaient dangereuses, car elle portait atteinte à des valeurs fondamentales de la République. La sacralisation de l’état d’urgence marquait de facto un recul des libertés publiques et annonçait un état d’urgence permanent.

La déchéance introduisait dans la Constitution la question de la nationalité de manière négative. La Constitution, texte à vocation à rassembler, devenait un texte source de division et de stigmatisation.

Les démocrates, les républicains, les femmes et les hommes de gauche ont refusé, dans leur grande majorité, une révision qui sacrifiait une certaine idée de la France au profit de stratégie électorale et partisane.

Les sénatrices et sénateurs du groupe CRC appellent à la plus grande vigilance, car la surenchère sécuritaire largement présente dans le projet de loi actuellement en débat au Sénat sur la lutte contre le crime organisé et le terrorisme.

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