En marche vers un droit des étrangers « flexicompétitif »

« Retour forcé vers l’insécurité ». C’est le nom du rapport accablant que publient aujourd’hui Amnesty International et La Cimade pour dénoncer l’accélération des expulsions de migrants, depuis plusieurs pays européens, dont la France, vers l’Afghanistan où ils risquent leur vie.

En cause, un accord scandaleux passé en octobre 2016 entre l’Afghanistan et les pays membres de l’Union européenne, qui permet le renvoi massif d’exilés déboutés du droit d’asile en Europe (en échange de promesses d’aide au développement). Jusqu’alors, la France évitait les expulsions vers ce pays où l’instabilité politique est chronique, et où l’on note, ces dernières années, une augmentation généralisée des violences comme le relèvent l’ONU et toutes les ONG présentes sur le terrain. Pourtant, en 2016, près de 10 000 migrants ont été expulsés, soit une hausse de 300% sur un an.

Nous soutenons la demande de moratoire sur les expulsions vers l‘Afghanistan de la Cimade et appelons le gouvernement à la plus grande vigilance quant à la politique de renvoi massif de migrants qu’il s’apprête à mettre en œuvre.
En effet, la semaine dernière ont été révélées des mesures phares du projet de loi visant à « refonder » la politique française d’immigration que présentera prochainement le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, selon lequel « on n’expulse pas assez ». L’objectif est clair : le gouvernement souhaite accélérer et amplifier les reconduites aux frontières.

L’annonce de l’augmentation de la durée de rétention administrative (qui passerait de 45 à 90 jours), ou encore, l’obligation pour l’OFPRA de rejeter les demandes d’asile de personnes originaires de pays dits « sûrs » orientent la politique gouvernementale en matière d’accueil et de respect des droits des exilés vers une politique du chiffre qui engendrera nécessairement tri et expulsion.

Les sénatrices et sénateurs du groupe CRCE porteront la plus grande attention au respect, par les responsables publics, du droit d’asile pour les personnes venues chercher protection sur notre sol, et aux solutions concrètes et humaines que le gouvernement proposera pour répondre à l’urgence migratoire, notamment pour les mineurs isolés.

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