Les courriers officiels

Lettre à Monsieur Eric WOERTH, Ministre du Travail, de la Solidarité et de la Fonction publique.

Conflit social chez FRALIB -

Par / 13 avril 2010

Monsieur le Ministre du travail,

Le conflit social de Fralib à Gémenos me conduit, devant l’incapacité de la direction à instaurer un véritable cadre de négociations, à établir un rapide historique de pratiques « industrielles » qui conduisent droit dans le mur, et le dialogue social et l’économie de notre pays.

En 1976, la multinationale Unilever achète Fralib à Pernod-Ricard.
En 1988, avec un bel opportunisme, Unilever délocalise son site de Marseille à Gémenos pour profiter des mannes européennes liées à la revitalisation d’un territoire sinistré par la disparition des chantiers navals.
En 1998, elle ferme son site du Havre (thé noir) et transfère sa production en Belgique. Moins d’un tiers des salariés sont reclassés à Gémenos.
En 2006 enfin, Unilever crée Unilever Supply Chain Company (USCC) hors zone Euro (en Suisse) qui a pour seule fonction d’assécher les marges des sites de production.

Désormais seul interlocuteur commercial de l’ensemble des usines européennes, propriétaire des matières premières comme des produits finis, USCC concentre en Suisse l’essentiel de la marge du groupe, les centres de production opérant dès lors comme de simples façonniers.

Ce sont ainsi 200 M€ qui manquent annuellement au PIB de notre pays, et 67 M€ qui échappent chaque année aux services fiscaux français. Mais ce sont quelque 750 M€ qu’Unilever a servi à ses actionnaires pour l’année 2008.
En 20 ans, la productivité par salarié a pourtant progressé d’environ 50% avec un volume de production sensiblement égal entre 1989 et 2009 pendant que les effectifs passaient eux de 286 à 185 salariés.
Depuis 5 semaines, les salariés de Gémenos sont en grève pour obtenir une revalorisation salariale. Au-delà des raisons propres à l’entreprise, cette revalorisation ambitionne de réduire l’écart qui n’a cessé de se creuser entre le Smic et le salaire de référence. Cet écart, de 46% en 1989, n’est plus aujourd’hui que de 3,5%.

Devant l’intransigeance d’une direction qui après avoir annoncé qu’elle allait lancer une étude sur la compétitivité, refuse toute négociation salariale et s’exonère de ses obligations en matière de Droit du Travail dans ses dispositions sur les négociations collectives, je vous demande, Monsieur le Ministre, d’intervenir fermement pour restaurer les conditions du dialogue social dans cette entreprise.

Vous remerciant de me tenir informée des dispositions que vous voudrez bien prendre avec l’aide de vos services, je vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de ma haute considération.

Isabelle Pasquet

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