Comment le gouvernement compte-t-il agir afin que l’inacceptable ne se reproduise plus ?

Monsieur le secrétaire d’État, « depuis deux semaines, il n’y a aucun lit disponible au centre hospitalier de l’Ouest guyanais, en pédiatrie, à la maternité […], aucun lit en service de médecine polyvalent, […] et surtout aucun lit en réanimation ».

Ce cri de détresse de Crépin Kezza, chef des urgences de ce centre, montre le décalage entre la métropole et nos collectivités d’outre-mer. Si les disparités sont importantes, nous souhaitons néanmoins interroger le Gouvernement sur ce décalage. Décalage dans le temps, décalage dans l’intensité, la vague d’épidémie qui frappe quasiment l’ensemble de nos collectivités d’outre-mer depuis l’été est un véritable choc et nous ne pouvons que soutenir nos concitoyennes et concitoyens ultramarins.

La Nouvelle-Calédonie, jusqu’à présent covid free, accuse plus de 100 morts en un mois sur ses 280 000 habitants. En Guadeloupe, où la situation s’améliore, ce taux demeure supérieur au seuil d’alerte.

Nous nous entendons tous pour dire que la campagne vaccinale permet de renverser ces tendances dramatiques. Mais cela ne suffit pas. Le manque de lits, le tri des patients, les personnels épuisés sont le résultat de sous-investissements chroniques. À Mayotte, on compte 300 lits au CHU alors qu’il en faut 900 en temps normal pour couvrir les besoins. En Guyane, on décompte 55 généralistes pour 100 000 habitants, alors que la moyenne nationale est de 104.

Ces déserts médicaux sont dénoncés chaque année, mais aucun véritable plan de rattrapage n’a été mis en place pour y remédier. Ces mêmes populations, qui souffrent là d’habitat insalubre, ici de coupures d’eau quotidiennes, ont une histoire bien à elles, qui alimente une crainte face aux injonctions du pouvoir éloigné d’elles, à Paris.

Ma question est simple, je vous l’accorde, monsieur le secrétaire d’État, mais elle est très vaste : comment, à travers les moyens mis en œuvre dans la campagne vaccinale, mais également dans le cadre d’un plan de plus long terme, le Gouvernement compte-t-il agir enfin, afin que l’inacceptable ne se reproduise plus ?

Mme la présidente. La parole est à M. le secrétaire d’État.

M. Adrien Taquet, secrétaire d’État auprès du ministre des solidarités et de la santé, chargé de l’enfance et des familles. Je ne sais si votre question est simple, madame la présidente Assassi ; elle est vaste, assurément, et sans doute considérerez-vous comme incomplets les éléments de réponse que je vais tâcher de vous donner. Aux difficultés réelles et connues que vous avez énumérées, le Gouvernement essaie d’apporter, et apporte, des réponses. Il le fait notamment, j’y reviendrai, à travers le Ségur de la santé, qui s’attaque à un certain nombre de problèmes structurels que vous soulevez.

La Guyane disposait initialement de 20 lits de réanimation. Nous avons porté à 48 le nombre de lits de réanimation armés et nous pourrions monter à 61 si la situation le nécessitait. Le Ségur a permis de rattraper, en de nombreux endroits, un retard accumulé, vous le savez, depuis de très nombreuses années. (Mme Éliane Assassi le conteste.) Il permet également de mieux préparer ces territoires aux nouveaux enjeux en matière sanitaire, de soutenir les professionnels de santé, engagés bien au-delà de la seule situation liée à la covid.

Le temps m’étant compté, je m’en tiendrai à quelques faits marquants : 53 000, c’est le nombre de personnels qui ont déjà été revalorisés, en cumulé, en Guadeloupe, en Martinique, à Mayotte, à La Réunion et en Guyane ; 1,57 milliard d’euros, c’est le montant du plan pour relancer les investissements en santé dans ces mêmes territoires.

Derrière ces montants parfois peu parlants, il y a des actions très concrètes, qui concernent nos concitoyens et les professionnels de santé. Je citerai par exemple en Guadeloupe un projet d’investissement médicosocial de plusieurs millions d’euros pour rénover les bâtiments ; en Martinique, le développement d’une plateforme numérique en mode SaaS, Software as a service, qui va permettre aux patients d’accéder à une information rapide au sujet des soins non programmés ; enfin, en Guyane – et vous comprendrez que j’y sois particulièrement sensible – , le renforcement d’une filière de périnatalité pour traiter ce qui est, là-bas, un important problème de santé publique.

Tels étaient les quelques exemples que je souhaitais évoquer, certains de très court terme en réponse à l’épidémie de covid, d’autres de plus long terme, liés au Ségur de la santé. Ce dernier permet de rattraper des retards accusés depuis trop longtemps par ces territoires.

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